Le 1er juillet 2020 finissait, avec mon mi-temps thérapeutique, la période officielle et médicale de mon burn-out. Le 1er juillet 2020, je célébrais le « premier jour du reste de ma vie ». Le 1er juillet 2020, je lançais officiellement Une Plume pour votre Histoire.

Pourtant, les jours qui ont suivi, rien n’était résolu. Pourtant, les semaines qui ont suivi, rien n’était résolu. Pourtant, les mois qui ont suivi, rien n’était résolu. La vie d’après ressemblait au burn-out. Si je n’étais plus paralysé par elles, si j’étais capable d’agir quand même, d’agir malgré elles, la peur et la fatigue continuaient de m’habiter, chaque heure, chaque minute, chaque seconde. J’étais capable de m’asseoir devant mon carnet ou mon ordinateur, mais le fait d’écrire le premier mot était un effort qui me demandait de soulever le poids qui me pesait sur la poitrine. J’étais capable d’enfourcher mon vélo pour aller faire cours, mais il fallait, pour cela, me vaincre, chaque jour, chaque heure. J’étais capable d’envisager une conversation, même avec un inconnu, pourtant, prononcer les premiers mots me coûtaient cher.
« Ce n’est qu’après, longtemps après »
Paragraphe après paragraphe, rencontre après rencontre, article après article, chaque mot était moins difficile à écrire que le précédent. Puis, chapitre après chapitre, rendez-vous après rendez-vous, phrase après phrase, chaque mot était plus facile à écrire que le précédent.
Une nouvelle fois, je n’aurais jamais pu passer cet obstacle sans la présence aimante et exigeante de ma femme qui sait toujours souligner ce qu’il faut améliorer et retravailler, sans l’aide de mes filles, les instagrameuses, pour faire mes « stories », sans le soutien constant de ma famille, de mes amis, de mes collègues, de mes anciens élèves et sans la confiance que m’ont accordée mes premiers clients.
Et maintenant ?
Depuis quelques semaines, je commence à faire confiance à ma plume. Depuis quelques semaines, j’ai envie d’écrire et de partager certains moments de nostalgie, certains éclairs de beauté ou de liberté. Depuis quelques semaines, j’ai l’impression que des écailles me sont tombées des yeux et que je peux de nouveau voir le monde sans filtre. Chaque couleur, chaque son, chaque personne, m’apparaît comme si c’était pour la première fois. Ces apparitions se gravent à nouveau dans ma mémoire avec l’envie de les écrire, de les décrire.
Le grand et vieil arbre, près de la chapelle, le chant des oiseaux, la lumière qui tombe d’un vitrail sur le tableau de la fuite en Égypte et fait ressembler Joseph à un spectre, la vie d’un grand oncle qui fonda son réseau de résistance avant d’aller trouver la mort en Indochine, la fausse arrestation de Dupont de Ligonnès et les réactions qu’elle avait occasionnée un soir d’anniversaire. Toutes ces apparitions se bousculent et ne demandent qu’à jaillir sous ma plume.
Il s’agit maintenant d’y mettre de l’ordre, de les tailler, de les polir… de les écrire.
250 jours après, je suis né une nouvelle fois au monde, comme il se révèle, nouveau-né, sous mes yeux.