Critique

L’élu de Chaïm Potok

Je viens d’achever la lecture de L’élu de Chaïm Potok. Dans l’émotion de sa conclusion, j’en donne ici quelques impressions. Il y a des longueurs, de longues longueurs, surtout au début du roman. La scène de départ, un match de base-ball sur cinquante pages, est quasi rédhibitoire. La suite est principalement composée de longs passages où les actions des deux héros sont très répétitives. Ces longueurs et répétitions ne sont pas sauvées par l’écriture et le style, dans lesquels je n’ai trouvé aucun plaisir. L’écriture me semble froide, intellectuelle, sans chair, sans âme. A tel point que j’ai eu maintes fois l’impression d’un roman à thèse.

Et pourtant, malgré ces défauts que je n’aurai surmontés si un ami cher ne m’en avais recommandé la lecture, j’ai aimé ce roman. Je l’ai même aimé parfois pour ces défauts. Les longues répétitions de scènes d’études talmudiques sont instructives ; mais elles nous font aussi, par leur longueur et leur répétition même, entrer dans le processus de l’étude talmudique. J’y ai donc beaucoup appris sur le judaïsme, son histoire et sa pratique au travers du hassidisme et du sionisme.

Le cœur de ce qui fait l’intérêt de ce roman, ce sont les relations. L’amitié des deux jeunes héros, leur relation à leur père et au père de l’autre, leur parcours intellectuel. Et c’est là que revient le style sec et intellectuel. Ce style m’a fait craindre un manque d’âme pendant 350 pages sur les 400 du roman. On peut craindre ainsi un certain manichéisme, le méchant père hassidique et mutique, le gentil père éclairé et philosophe. Pourtant, il faudra attendre le dénouement pour entrer dans la chair et l’âme des relations entre les pères et les fils et entre les héros eux-mêmes.

« Nous sentons très bien que notre sagesse commence où celle de l’auteur finit, et nous voudrions qu’il nous donnât des réponses, quand tout ce qu’il peut faire est de nous donner des désirs. » (Proust, Sur la lecture) Les désirs que m’a donnés Chaïm Potok au travers de ce livre : lire la Bible, vivre d’elle et peut-être l’étudier, chérir et soigner les amitiés, même quand elles traversent des périodes de mutisme, vivre mon rôle de père autrement, ou si ce n’est autrement, en réfléchissant d’une manière différente à la liberté donnée à l’enfant, à la violence verbale, au rôle du silence.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s