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Devise

Longtemps, j’ai voulu avoir une devise, sans être capable de m’en fixer une seule. L’une de celles qui m’ont guidé ou aidé dans ma vie est celle de mon lycée marseillais : « Réussir pour servir ». 

Tant que j’étais au lycée, comme pour beaucoup de mes camarades, elle ne représentait rien d’autre que des mots. Au contraire, la seule envie qui m’habitait c’était de quitter le lycée au plus vite. J’en emportais avec moi quelque chose à mon insu, je devais m’en rendre compte plus tard.

Quelques années plus tard, alors que j’étais étudiant en philosophie, le directeur charismatique et dictatorial de mon lycée mourut. Nous fûmes quelques milliers à quitter nos vacances estivales pour lui rendre un dernier hommage. Je me trouvais alors à Rodez, étudiant la théologie. Une autre marseillaise était avec moi. Nous fîmes le voyage en auto-stop vers nos souvenirs de lycée. Arrivés la veille de l’enterrement, nous sommes rentrés dans la chapelle où M. Bartoloméï trônait, même après sa mort. C’est en priant près de son cercueil que je me suis demandé ce que je voulais faire de ma vie et aussi ce que pouvait signifier pour moi cette devise.

Moi qui avais quitté le lycée en me disant : « tout sauf prof ! », j’avais découvert dans la philosophie une discipline qu’il me plairait peut-être d’enseigner. Et ce soir-là, le mot servir s’est éclairé pour moi. Servir, pour moi, cela passerait par l’enseignement et, plus largement, par l’éducation. C’est ainsi, que, poursuivant l’étude de la philosophie, j’en suis venu à l’enseigner et à m’engager dans mes établissements, comme surveillant, comme éducateur.

Aujourd’hui, dix-huit ans plus tard, après quelque seize années d’enseignement et quatorze dans l’éducation, de surveillant à adjoint du directeur en passant par CPE, après presque un an et demi de burn-out, je m’aperçois que je suis allé trop vite.

J’ai d’abord voulu servir, être disponible pour le service ; mais d’abord, il fallait réussir. Réussir pour servir. Que signifie pour moi réussir ? En regardant en arrière, je vois des réussites, des réussites importantes, me marier, avoir des enfants, mon cursus philosophique, même mon parcours professionnel. Mais au travers de ces réussites, je vois aussi des manques et des insatisfactions. Toutes ces réussites seraient certainement plus pleines si elles passaient aussi par une plus grande réussite personnelle.

Que signifie donc pour moi cette réussite personnelle ? La première réponse qui me vient à l’esprit est l’écriture. Je veux écrire. Mais qu’écrire ? Un roman, ou une nouvelle, cela m’intimide un peu ou plutôt énormément. De même, écrire de la poésie. Cela relève pour moi d’un acte d’une telle importance qu’elle frise le sacré et donc le tabou et je vomis ceux qui salissent cette activité en écrivant des livres que je juge de peu de valeur ; même si souvent je les consomme.

Alors j’écris ou je veux écrire d’abord sur les livres que je lis. Puis, sur moi-même et les réflexions que m’ont apportées ces dernières années plus difficiles. En me remettant au travail intellectuel avec la théologie, je veux aussi alimenter le moteur de l’écriture. J’espère que tous ces éléments m’aideront à sauter le pas de l’écriture, la seule, la vraie ; celle qui conduirait à un livre, un roman ?

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